À l’origine de Sweet Home, pendant les années 2018 et 2019, je passais mes journées à la Bibliothèque Nationale, dans le 13è arrondissement de Paris.

Le département droit et sciences économiques de la BNF, mon sanctuaire

Dans cette salle, sur la droite, un escalier mène à une mezzanine dédiée aux guides pratiques et aux études économiques. Cette division - financée par Pôle Emploi - met à disposition des lecteurs un grand nombre d’études Xerfi. Sachant qu’une étude Xerfi coûte entre 2000 et 4000 euros, accéder librement à ces sources de données est un énorme privilège.

Un numéro spécial de Longévité

Dans ce numéro, j’accueille Madame Cathy Alegria, directrice d’études chez Xerfi et responsable du rapport intitulé Les stratégies des acteurs du Grand Âge qui est paru au quatrième trimestre 2022. Pas tant dans l’offre - qui semble fixée et doit désormais se développer - mais plutôt dans le parcours résidentiel et le temps que les citoyens âgés vont passer à l’Ehpad, pour ceux qui doivent y finir leur vie. Dans votre rapport Les stratégies des acteurs du Grand Âge, vous circonscrivez le champ du Grand Âge sur le médico-social et un peu de médical.

Concentration centripète ⭕

Les groupes – surtout commerciaux – témoignent d’une volonté d'intégrer l'ensemble des maillons, ce qui s'est d'ailleurs manifesté par de nombreux rachats de réseaux de services à la personne orientés personnes âgées. Pour l'instant, ce sont plus des tests, des tentatives d'intégration d'une offre globale pour les personnes âgées sur un même site.

Pour l'instant l’ensemble des prestations et de l’offre d’hébergement pour les seniors est très cloisonné. Pour autant, Xerfi prévoit depuis longtemps leur décloisonnement. Ce mouvement a coïncidé avec l'arrivée des grands acteurs de la dépendance dans le domicile.

Les enjeux du bouleversement à horizon 2025-2030

Parallèlement, nous allons connaître une évolution des attentes des personnes âgées, avec l'émergence d'une génération qui subit moins sa dépendance, qui souhaite avoir le choix entre ses modes de prise en charge et ne souhaite pas forcément aller en maison de retraite.

Les variations annuelles des effectifs de seniors âgés de 75 ans ou plus - source Stratsenior

D'un point de vue quantitatif, si on devait faire face au boom démographique en plaçant autant de personnes âgées dépendantes dans les EHPAD demain qu'il y en a aujourd'hui, il faudrait construire énormément de nouvelles structures. Ces constats nous ont conduits à créer des projections sur la structure de l'offre d'hébergement pour personnes âgées à très long terme en fonction de ses caractéristiques actuelles.

Les gestionnaires d'Ehpad sont les plus concernés par cet enjeu, pour le moment. Après, se pose la question des autres types d'acteurs. Je pense notamment aux gestionnaires de résidences seniors. Leur offre semble relativement adaptée aux nouvelles attentes des seniors autonomes.

Pour eux le défi consistera à faire évoluer leurs services, en matière d’accompagnement à la mobilité et de prévention de la perte d’autonomie. En ce qui concerne les hébergements, même si vous constatez une croissance de tous les modes d'hébergement, l'Ehpad restera l'offre dominante.

Effet d’opportunité pour les EHPAD 💰

Avoir un turnover de résidents plus important peut permettre aux EHPAD de générer plus de rentabilité.

Comment vont-ils s'adapter à cela ?

En optimisant leur gestion de leurs files d'attente. Ils devront consacrer des ressources plus importantes à la gestion des entrées et sorties. Voire pour certains à accélérer leur diversification dans le domicile et la gestion de cliniques SSR, toutes deux étant des activités pourvoyeuses de flux pour les Ehpad.

Le défi de la gestion des ressources humaines 👥

L'autre grand défi, c'est la gestion des ressources humaines.

Le grand retour de la résidence autonomie ? 🏘️

Je pense notamment aux colocations seniors pour personnes dépendantes et aux résidences autonomie qui s'adressent aux mêmes publics, avec une offre qui mélange aussi l'habitat avec le care.

Qu'est ce qui explique que les résidences autonomie aujourd'hui cela ne bouge pas ?

Ces établissements sont en grande partie gérés par des acteurs du privé non lucratif et du public. En outre, j’ai le sentiment que, dans l’imaginaire des consommateurs, les résidences autonomie s'apparentent un peu à des Ehpad. Ces collectivités n'ont pas nécessairement les budgets pour l'inclusif et se méfient des projets d'inclusif qui sont portés par des acteurs privés commerciaux.

Certains acteurs commencent à se détacher, mais on reste sur une offre émergente. L’offre va toutefois se structurer avec l'appui d’acteurs financiers et d'acteurs positionnés sur la gestion d'Ehpad. Peu à peu, la concentration de ce segment va s’accélérer et probablement qu’une poignée d’acteurs seulement se distinguera à l’avenir.

L’avenir du SAAD

Les SAAD ont du mal à trouver un business model solide. Pour l’heure, l’ADMR est l’un des rares acteurs à avoir franchi le pas à travers ses interventions dans les résidences multigénérationnelles Complicity4 développées par Nexity. D'autre part, les SAAD ont vocation à nouer plus de liens avec des prescripteurs pour mieux s'intégrer dans cet écosystème des personnes âgées .